Le monde agricole est de moins en moins connu et apprécié à sa juste valeur. Les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui face aux changements climatiques, aux enjeux technologiques et à un système européen institutionnalisé, interrogent. La solitude des agriculteurs, leur épuisement moral et celui des terres inquiètent.
Pour alerter et recréer du lien, certains ont décidé de lever le voile sur les réalités d’un monde malmené souvent oublié, qui pourtant nous nourrit et nous concerne tous. Edouard Bergeon, réalisateur du film « Au nom de la terre » sorti en septembre 2019, est monté au créneau pour parler de cette souffrance, de ce besoin de dialogue et de reconnaissance. Son film retrace l’histoire dramatique d’un agriculteur français qui sombre, entraîné par un système qui le dépasse.
Park&View est un site de mise en relation entre agriculteurs et camping-caristes qui vient redonner du lien entre les hommes de la terre et les citadins en vacances, à la recherche d’une expérience de rencontre authentique qui leur permet d’être plus proches de la réalité de nos campagnes. Par le biais d’un site internet, les camping-caristes se voient proposer des emplacements pour des séjours en camping-cars dans les exploitations, à la rencontre des agriculteurs et du monde agricole. Dans le même esprit, Au cœur des paysans, est une association qui rassemble des femmes et des hommes qui partagent la même passion pour l’agriculture et ceux qui la font vivre. Au travers de parcours dans les Corbières, l’Aube, le Châtillonnais ou l’Argonne, elle offre la possibilité de randonner à la découverte d’exploitations, de séjourner ou déjeuner chez les agriculteurs qui ouvrent leurs portes, et de découvrir des territoires, des métiers, des savoir-faire et des productions.
De telles initiatives redonnent une certaine fierté au secteur, valorisé par des rencontres authentiques. Autant d’opportunités d’expliquer et de sensibiliser à la réalité de métiers et aux problématiques de l’agriculture de demain.
L’Aube a l’immense avantage de pouvoir promouvoir une culture de la vigne qui éblouit facilement. Le « champagne » peut joliment se donner à voir. La viticulture est à la fois un secteur de pointe agricole, un marché du luxe et un savoir-faire ancestral. Aussi, nombre de viticulteurs passent le cap de l’oenotourisme par le biais de coopératives agricoles ou de manière indépendante.
Comme la Maison Robert Grandpierre en 2019.
Au sommet de la colline entourée de coteaux, l’église et le prieuré du 12e siècle de Viviers-sur-Artaut, petite commune du sud de l’Aube en Champagne, surplombent une terre de vignobles dont la culture s’est développée à partir de la Renaissance, malgré les aléas de l’histoire. Le prieuré est devenu un site oenotouristique qui valorise aujourd’hui ce patrimoine et ce savoir-faire au cœur du village .
Engagement & fidélité
Depuis 1791 la famille Robert est propriétaire de vignes de l’ancien prieuré et a contribué à développer la viticulture dans la région, avant les épidémies et heurts juridiques du début du 20e siècle.
Le nouveau site oenotouristique du Champagne Robert-Grandpierre offre un portrait de ces hommes et femmes qui se sont battus pour sauver leur métier, leur village, leur terre et défendre leur savoir-faire pendant les trois derniers siècles. Ce courage de s’engager et de résister n’en ont pas fait des héros nationaux, mais des héros du quotidien dont leur descendant, Vincent Grandpierre, vigneron récoltant héritier de la maison, a voulu saluer la mémoire. En particulier pour leur participation à la reconquête des droits des terres de l’Aube à l’appellation « Champagne » entre 1911 et 1945 suite au « traité honteux ».
Entre passé et futur
En 2002, Vincent Grandpierre sublime cette histoire familiale en achetant le prieuré, symbole du patrimoine bâti de son village. L’histoire de sa famille est ainsi resituée dans son environnement local.
Il s’allie à un architecte, Daniel Juvenelle pour restaurer le bâtiment historique et lui donner une nouvelle dimension, entre architecture contemporaine symbolique et caves médiévales, dans une ambiance intimiste et élégante. Il s’entoure de professionnels pour les choix muséographiques. La transmission passe par la dégustation mais aussi par l’accueil, la découverte, l’expérimentation. Il se positionne comme un lieu hybride de production et pédagogique. Deux caves permettent un voyage dans le temps : la première raconte l’histoire du prieuré et du vignoble aubois, au travers de l’exemple d’une famille du pays. La seconde est un écomusée sur la vigne et la viticulture. Un parcours jalonné d’animations vidéo renseignent le public. Le bâtiment accueille également des œuvres d’artistes contemporains.
Anticiper les besoins
Vincent Grandpierre a souhaité transmettre les valeurs de la terre qu’il côtoie au quotidien. Face aux menaces du climat, aux choix technologiques, aux enjeux de nutrition, des questions qui affolent, qui rassemblent ou séparent, il a pris à pleines mains la responsabilité de l’exploitant pour devenir l’interlocuteur privilégié des visiteurs, consommateurs, touristes.
Il offre ainsi un tourisme expérientiel, à la rencontre de l’habitant et des savoir-faire de l’exploitant. Il parle de son métier, de son avenir, de son histoire, de sa passion. Un nouveau regard sur son métier qui devient source d’intérêt en tant que patrimoine. Il replace le produit dans son environnement et en raconte l’influence. Le produit seul ne créé plus la magie. Il a aussi une histoire, une force, une identité qui s’illustrent par la rencontre et s’incarnent dans des cuvées qui prennent le nom de grandes dates de l’histoire du prieuré : « 1180 », « 1205 », « 1515 » ou encore « 1740 », … à découvrir.
Le site internet est en cours de construction pour la partie oenotouristique. CulturistiQ a rédigé les contenus du film racontant l’histoire du prieuré et de la famille.
A découvrir dans la Côte des Bar, merveilleux paysage de la Champagne.
© photo en une : Extrait carte cassini Okenite animation